lundi 27 février 2012

L e plan B... du Peuple !




Le plan B… du Peuple !

Oui, il y’avait un plan B… celui du peuple sénégalais !  Face à la forfaiture de Wade et de son conseil constitutionnel aux ordres, les sénégalais avaient le choix entre l’insurrection (armée?) et la démocratie. Ils ont choisi la démocratie, au grand dam de tous les Cassandre qui prédisaient l’apocalypse pour ce 26 février. L’alternative du chaos que tout le monde prédisait n’eut donc pas lieu. C’est au contraire un peuple civilisé qui est allé voter ce dimanche dans le calme et la bonne humeur, et qui a montré qu’en définitive seule  sa volonté compte. Pourtant, à écouter certains de nos doctes analystes politiques, on avait l’impression que le destin du Sénégal était suspendu aux combinaisons que le Président de la république allait concocter dans le secret de son palais, comme si le peuple, lui,  n’avait pas son mot à dire. D’autres, plus téméraires, affirmaient le plus calmement du monde que le pays ne pouvait pas faire l’économie d’un bain de sang pour se sortir de cette crise. Etonnant peuple sénégalais qui a compris que les problèmes qui surgissent en démocratie doivent trouver leur solution par… la démocratie ! Deux remarques doivent être faites d’ors et déjà à ce sujet :
1 – Les sénégalais ont compris, et cela au moins depuis un certain 19 mars 2000, qu’ils peuvent sanctionner les hommes politiques par la voix des urnes. S’ils sont sortis massivement le 23 juin dernier manifester contre le fameux projet de loi de Wade instituant le dauphinat, c’était justement pour protéger cet acquis démocratique. C’est ce qui explique sans doute que « les candidats de la Place de l’indépendance » aient été lourdement sanctionnés, alors que d’après des sondages non officiels, au moins d’eux d’entre eux, en l’occurrence Cheikh Bamba Dièye et Ibrahima Fall bénéficiaient d’un fort capital de sympathie auprès de l’électorat, et auraient sans doute fait un meilleur score s’ils n’avaient pas adopté cette stratégie pour le moins suicidaire. Que Macky Sall soit le vainqueur de ce premier tour n’est donc pas en soi une surprise puisqu’il a compris dés le départ que la bataille contre la candidature de Wade était perdue, et que l’imbroglio juridico-politique que cette donne allait créer ne pouvait être résolu que par la voix des urnes. Ce n’est donc peut-être pas tant sur son programme qu’il a été élu – on n’a pratiquement pas parlé de programme au cours de cette campagne – que sur cette stratégie intelligente qui nous a évité le pire. Il faut donc comprendre par là que la construction d’une démocratie véritable est une œuvre de longue haleine et ne peut se faire que dans le cadre des lois républicaines. Certes, il y’aura toujours un écart entre les principes tels qu’ils existent dans leur pureté et la réalité sociologique du terrain qui ne peut évoluer que très lentement. L’impatience ‘’petite bourgeoise’’ de nos élites politiques et intellectuelles ne traduit donc que leur décalage par rapport au peuple au nom duquel ils prétendent pourtant parler.
2 -  Au regard de la façon dont le scrutin s’est déroulé, il n’est plus permis de dire que des élections transparentes sont impossibles au Sénégal. On a entendu des candidats dire que Wade n’organiserait jamais des élections pour les perdre, et que cela ne servirait à rien d’essayer de le battre par les urnes, comme si le PDS n’avait pas largement perdu les élections locales de 2009 avec le même fichier. Je me demande si ce type de discours démobilisateur n’a pas contribué à augmenter le taux d’abstention assez important dans certaines régions du pays, ce qui, manifestement, a fait le jeu du pouvoir. Notre opposition nous a tellement habitués à l’idée que Wade n’est jamais à court d’idées lorsqu’il s’agit tromper son monde qu’ils ont fini, sans le vouloir, par créer le mythe du « Wade sorcier » qui peut toujours se sortir des pires situations, alors que la plupart du temps c’est leur manque d’imagination et leur inconséquence qui sont en cause. Certes, il y’a des choses à améliorer parce qu’aucun système électoral n’est jamais parfait, mais globalement on peut dire qu’en cette matière nous avons fait d’énormes progrès qu’il faudrait, bien entendu, consolider. 

2 commentaires:

  1. Bonsoir professeur,
    votre argumentaire est intéressant. Il est vrai que la démocratie est en marche au Sénégal. Cependant Macky est l'autre face du PDS! Nous autres avons espérés, jusque tard la nuit, que Niasse pourrait avoir quelques voix afin de passer au second tour et d'appliquer les conclusions des assises nationales, une fois au pouvoir. Peut être qu'un plan semblable sera proposé par Macky Sall!

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  2. Je comprends parfaitement votre point de vue Camara. Mis si Niasse n'est pas passé au second tour, il doit y avoir sans doute une raison... Que Macky ait émis des réserves par rapport à certaines conclusions des Assises est un fait, et j'ose espérer que les négociations qui vont certainement avoir lieu avec les autres candidats pour le second tour contribueront à aplanir ces divergences. Qu'il soit un libéral est aussi un fait. Mais j'estime pour ma part que la critique du libéralisme a été la grande absente de cette campagne...

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